Le verdict est tombé hier dans l’affaire Mellouk : l’ancien chef de service en charge des affaires sociales et du contentieux au ministère de la Justice a été condamné par le tribunal de Sidi M’hamed à quatre mois de prison ferme.
L’affaire est passée, rappelle-t-on, devant la justice le 28 janvier dernier. A l’issue d’un procès que le concerné qualifie d’« expéditif », Belloucif Mellouk se voit donc écoper d’une condamnation, un jugement qu’il ne comprend pas. « Malheureusement, toutes les preuves qui ont été remises à la justice ont été ignorées », dit-il. Pour rappel, Belloucif Mellouk a été poursuivi suite à une plainte pour diffamation déposée en 2001 par l’ancien ministre des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba, et l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Salah Mohammedi. Mellouk avait cité des proches de ces deux ex-ministres comme étant impliqués dans cette inextricable affaire qui agite la scène médiatique depuis 1992, et connue sous le nom de « l’affaire des magistrats faussaires ». Depuis plus de quinze ans, M. Mellouk se bat pour l’ouverture d’une enquête sur des magistrats et autres hauts fonctionnaires de l’Etat qui se présentent comme des héros de la Révolution au moment où des documents d’archives mettent sérieusement en cause ce passé prétendument immaculé. « Je mets au défi ces deux anciens ministres ainsi que le Syndicat national des magistrats pour une confrontation devant l’opinion publique ! », martèle Mellouk, sûr de la vérité de ses archives. Des documents dont, affirme-t-il, la présidente du tribunal a une copie, mais sans que cela prête à conséquence. Dès le début, l’homme ne se faisait pas d’illusions : il savait que la justice n’allait pas ouvrir ce dossier ô combien sulfureux. Néanmoins, il s’étonne qu’il soit condamné alors que l’affaire, soutient-il, « a fait l’objet d’une prescription ». « Cette condamnation est une haute trahison envers les martyrs de la Révolution. Je ne regrette rien de ce que j’ai subi depuis 1992. Je n’ai fait que mon devoir », clame-t-il. Belloucif Mellouk s’étonne par ailleurs du silence des historiques encore vivants. « Où est le serment fait au peuple et aux martyrs de la guerre de Libération ? », interroge-t-il. L’homme ne manque pas toutefois de louer le soutien d’un certain nombre de « moudjahidine authentiques » de la trempe de Mme Fattouma Ouzguène. M. Mellouk entend faire appel de ce jugement. Mais il ne se fait pas d’illusion : « Je suis convaincu, dit-il, qu’il n’y aura jamais un Etat de droit avec ce régime, et ce verdict en est la triste preuve. »
Mustapha Benfodil
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