mardi 29 janvier 2008

Le verdict sera connu le 4 février

Justice-M. Djeghaba et M. Mohammedi contre Benyoucef Mellouk
L’affaire opposant deux anciens ministres, à savoir Mohamed Djeghaba et Mohamed Salah Mohammedi (les plaignants) à Benyoucef Mellouk, ce fonctionnaire du ministère de la Justice qui a révélé le triste et ô combien coûteux et préjudiciable scandale des « magistrats faussaires », a été jugée hier en fin de matinée après plusieurs reports d’un procès qui traînait en longueur depuis 1999.
L’audience n’a pas été longue d’autant que les plaignants, l’ex-ministre des Moudjahidine et l’ex-ministre de l’Intérieur, pour la énième fois, n’ont daigné prendre leur courage à deux mains pour venir devant le juge argumenter leur plainte en diffamation. Le procès a été suivi avec beaucoup d’attention et « aussi beaucoup de peine », diront quelques vénérables moudjahidine venus d’Alger et d’ailleurs pour apporter soutien et réconfort à celui qui a osé étaler sur la place publique un dossier douloureux pour les vrais anciens combattants, pour la dignité du pays et très coûteux pour son économie. Etaient présents les moudjahidate Louiza Ighil Ahriz, Fatouma Ouzeggane, Zhor Zerari, d’anciens officiers des Wilaya III et IV (Mahmoud Touabi et Dehlouk Menouar) et Chemsedin Boudjedra qui est un ancien du MALG. Ce dernier a diffusé avant le procès un communiqué signé par « un comité des moudjahidine de soutien à Benyoucef Mellouk pour la justice et la vérité ». Se sont également déplacés pour la circonstance des écrivains et les députés Leïla Arab et Ali Brahimi. La magistrate qui a conduit le procès suivra-t-elle le 4 février prochain, jour où sera rendu le verdict, le réquisitoire rapide d’un procureur qui a demandé une sanction de six mois de prison ferme et 500 000 DA d’amende contre M. Mellouk ? Ou prendra-t-elle en considération les arguments de la défense assurée par maître Mokrane Aït Larbi qui a démontré que la tenue du procès en question a été précédée de démarches qui ne font pas honneur à une bonne administration de la justice.
Atteinte à la dignité
D’abord, la plainte, déposée en 1999, évoque une diffamation dont se serait rendu coupable M. Mellouk en… 1992 lors de la tenue du procès des magistrats faussaires à l’issue duquel M. Mellouk et le journaliste Abderrahmane Mahmoudi ont été jetés en prison. En d’autres termes, relève l’avocat, MM. Djeghaba et Mohammedi ne se sont réveillés que près de huit ans plus tard pour réaliser qu’ils ont été diffamés par les propos d’un fonctionnaire de l’Etat algérien qui s’exprimait au surplus devant un juge. Me Aït Larbi remarquera en outre que le parquet n’a pas enrôlé l’affaire immédiatement après son dépôt parce que le procès-verbal la concernant n’a pas été signé et que ce n’est que bien plus tard, soit en 2004, qu’elle a été réintroduite et, cette fois-ci, enrôlée. Que s’est-il passé entre-temps et pourquoi est-on passé à la manière forte ? En effet, le 6 janvier 2007, un curieux mandat d’amener est délivré contre M. Mellouk soi-disant parce qu’il n’aurait pas répondu à une convocation de la justice. Et Me Aït Larbi de s’adresser à la juge : « Pourquoi cette convocation n’est pas dans le dossier ? » Il conclura sa plaidoirie en disant : « Lorsque le cours de la justice prend ce chemin truffé d’irrégularités, il n’y a plus ni équité, ni justice, ni défense qui vaille ; c’est tout simplement de la hogra. » M. Mellouk, dont la détermination de fonctionnaire honnête et d’ancien moudjahid sûr de lui n’était pas le moins du monde diminué par les différents types de harcèlement judiciaire et administratif dont le poursuivent les faussaires depuis plus de 15 ans, a réaffirmé la démarche à laquelle il s’en tient depuis 1978 au moment où lui a été confiée, par le ministère de la Justice, la mission de débusquer les faux moudjahidine qui avaient trafiqué les documents nécessaires à l’obtention de la qualité de moudjahid. Il a réaffirmé devant la juge avoir « dénoncé des faussaires qui ont trahi le pays et qui grâce au faux et usage de faux se sont retrouvés à la tête d’importantes institutions, voire à la tête du pays ». Il est à rappeler que ce vieux dossier des faux moudjahidine a pris des proportions absolument énormes. Il s’agit d’abord d’une atteinte incommensurable à la dignité de ceux qui ont laissé leur vie pour que ce pays recouvre son indépendance. Il s’agit d’une deuxième plaie pour ceux qui se sont réellement battus dans les villes, villages, plaines et montagnes et qui se sont retrouvés diminués physiquement par des blessures qu’ils emporteront jusque dans leur dernière demeure. Le préjudice subit par le pays est incalculable parce que les faussaires, grâce à leurs faux documents, ont réussi à accéder à des postes de décision alors qu’ils ne disposaient pas des compétences pour le faire sans compter que les corrompus sont généralement incapables de gérer au mieux les missions auxquelles ils accèdent. C’est enfin un terrible effort financier qui est imposé à l’économie du pays qui sert à rémunérer des délinquants. Cet effort financier est de plusieurs centaines de milliers de dinars par mois si l’on doit prendre en considération les pensions qui font que le budget du ministère des Moudjahidine est chaque année non seulement le plus important après celui de la Défense, mais celui qui augmente le plus.
A. Ancer
Elwatan

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